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Le sportif imbécile
20 octobre 2008

La Saint Luc à Pompogne

A force de croiser des panneaux "Palombières sifflez" en courant, fallait bien que je découvre un jour ce qui se trame dans ces cabanes. Petit récit que j'ai beaucoup de plaisir à partager.

32 ans d'attente

Depuis le temps que j'entends parler de cette fièvre bleue, je me demandais si j'allais bien finir par mettre un pied dans une palombière. C'est pourtant pas faute d'avoir grandi en plein couloir de migration, ni d'avoir lu les récits de paloumayres et les tableaux de comptage dans Sud-Ouest. Alors, quand j'ai su que Philippe, un ami de mes parents, passait ses automnes à guetter  le pigeon ramier, j'ai sauté sur l'occasion. Et il se trouve que cette occasion s'est présentée pour la saint Luc. Si c'est pas un grand truc...

L'appel de la forêt

Agrandir le plan

"-Philippe nous a donné rendez vous à 8h15 à Pompogne.

-Pompogne !? C'est où ça Pompogne ?..."

Et nous voilà parti de Bordeaux de beau matin pour prendre la direction de ce bled un peu paumé vers Casteljaloux. Il faut dire que c'est pas tous les jours que je me lève un samedi matin à 6h pour aller à la chasse. Alors, pensez vous bien que j'ai mis le nez à la fenêtre pour essayer de ressentir l'appel de la forêt, sans beaucoup de succès. Première impression passé Langon: il n'y a que des Renault express blanches sur la route. Ça m'a rappelé ces retours de fêtes embrumés par les raccourcis de campagne où c'était déjà les seules voitures que nous croisons. "Sont bien cons ces chasseurs" qu'on disait...

Ils sont malins ces paloumayres

confortableArrivés à Pompognes, nous laissons les voitures à 200 mètres de la palombière. Nous entrons par un garage suffisamment large pour garer deux voitures. On pousse une porte et là, je découvre que tout a été pensé pour chasser dans les meilleures conditions. Une cuisine, un poêle à bois, une table, un petit bar, deux postes de guets surélevés et même un canapé pour se reposer avec sud ouest dans les mains. Mais le détail qui tue, c'est que depuis ce canapé, il suffit à peine de lever les yeux du journal pour surveiller la ligne d'horizon à travers une large ouverture vitrée. Visiblement, rien ne se perd.

Nous sommes 6. Les deux chasseurs, Alain et Philippe, sa fille Chloé, 14 ans et guetteuse hors pair, mon père, Béa et moi. Tout en commençant sa journée de chasse, Philippe nous met dans l'ambiance: il est temps de préparer le petit déjeuner. Ce sera à base d'omelette aux oignons, boudin, saucisson, fromage et vin. Très franchement, il n'y a rien de tel pour commencer une journée cachés dans les bois.

Premiers vols

semi_volantPeu de temps après, nous rentrons dans le vif du sujet. Des petits points bleus à l'horizon, retiennent l'attention des chasseurs. Philippe rejoint illico Alain au poste de guet. Ils tirent sur des commandes qui déséquilibrent les appeaux dans les arbres. Lesquels sont bien obligés de battre les ailes pour rester sur leur branche. Au fur et à mesure que le vol survole la cabane, je comprends que les appeaux sont disséminés tout autour et que leur manège vise à inciter le vol à se poser.

Quelques instants plus tard, Alain et Philippe quittent leur poste: un vol s'est posé à l'arrière. Nous les suivons et entrons dans un dédale de couloirs. Tout au bout d'une galerie, on se retrouve dans une espèce de petite cabane. Avec juste devant, une clairière parsemée de grains de maïs et bordée de filets prêt à se refermer.

Philippe tient dans ses mains un manche au bout duquel est attachée une palombe de cabane. Brusquement, il devient un mec bizarre et se met a roucouler, à baisser son manche, de façon à la faire battre des ailes. Il imite le bruit d'une palombe qui se pose au sol pour les encourager à en faire de même.  Mais le vol repart et il n'en reste que quelques unes. Les deux chasseurs optent alors pour le fusil. Et voilà les deux premières prises de la journée.

La chasse, ça creuse

rodeusesA l'approche de midi, les touristes que nous sommes trouvons à nous rendre utiles en cuisine. Puis les "femmes" arrivent. L'apéro peut commencer, les langues se délient, le repas est digne du lieu. Forcement, l'attention se relâche un peu. Et comme dans les dessins animés, c'est à ce moment précis que les "rôdeuses" envahissent les arbres au nord de la cabane. Elles sont au nombre de 300 ou 400 et semblent nous narguer. Les rôdeuses, ce sont ces palombes qui se sont posés dans le coin depuis quelques temps et se reposent avant de prendre un prochain vol. Et visiblement, elle connaissent suffisamment les lieux pour ne pas se faire leurrer.

La journée continue à ce rythme, à guetter les vols et sortir dans les galeries de temps à autre. Elle se termine par un petit tour dans les bois pour nourrir la vingtaine d'appeaux. Beaucoup de vols ce jour là mais peu se seront posés. Au final, 8 prises, toutes au fusil. Des lots de consolation pour ces paloumayres qui recherchent avant tout l'excitation du filet.

Bien content d'être venu

postes_de_gu_tEn tout cas, comme le répète le citadin Amédée dans "Les enfants du marais", je suis bien content d'être venu. Outre l'ambiance et les techniques de chasse, je voulais comprendre pourquoi cette chasse peut aller jusqu'à décimer une équipe de rugby. Et quand on voit qu'elle demande tellement de travail, de patience, de paramètres à prendre en compte, on comprend que l'excitation s'en trouve décuplée à l'approche d'un vol. D'ailleurs, quand les chasseurs descendent dans les galeries, on dirait à leurs attitudes qu'ils ont retrouvé l'enfant qui sommeille en eux.

Pour rester bien dans la tradition des récits de paloumayres, je vais terminer ce récit par une petite anecdote me concernant. C'est simplement que je me suis tellement fondu dans la peau d'un paloumayre que j'ai fini par m'endormir au poste de guet...


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Commentaires
A
Si tu croyais que j'allais te faire des palombes rien que pour toi... Mais ce n'est que partie remise, à voir, pourquoi pas pour le cross de Cenon si Xavi est de la partie...
J
eheheh... j'y suis passé chez air1...<br /> mais je te rassure le canadien: tu n'as rien raté! il m'a payé le café noir puis invité à faire le marathon de rotterdam!<br /> à croire qu'il veut que j'arrête la bonne bouffe!<br /> argh! ce s....d!
L
Une grosse tranche de pain, avec du foie gras dessus, dégoulinant de suc de viande bien rôtie au feu de cheminée....rien que pour ça, moi aussi je passe demain à Bordeaux!
E
je ne sais pas ce que c'est une capucine.<br /> ce que j'ai mangé une fois (pas moi qui cuisinais) c'était des palombes accrochées oar le bec à une ficelle devant un feu de cheminée; on pince la ficelle pour la tresser dans un sens puis elle se déroule dans l'autre sens par inertie. à force ça cuit pareil partout<br /> ils mettent dessous une grosse tranche de pain (avec du foie gras dessus éventuellement) pour récupérer ce qui coule de l'intérieur<br /> il faut un bon graves ou un fitou; bref, un rouge qui ait du coffre<br /> mais ce qui est tout aussi bon et bien plus facile à faire c'est le salmis.<br /> en plus tu as les légumes en même temps et tu finis la bouteille de vin dessus..<br /> t'as commencé la cuisine là, parce que je passe par BX demain...
A
Mic, mon blog est controlé par le gouvernement chinois, aussi il m'ont un peu obligé de supprimer ton com qui etait de nature à troubler l'ordre public à Pekin (pas moyen d'enlever juste quelques mots). Une censure non pas pour te clouer les ails mais juste parce qu'on s'en fout maintenant qu'on s'est défoulé sur le sujet. Tu vas me demander pourquoi j'ai enlevé le tien et pas ceux des autres mais c'est tombé comme ça, je m'en bats les ouilles, pas envie de tout relire, me justifier, etc... C'est juste que c'est le piège type d'un blog de se facher bêtement et on a donc pas besoin d'aller plus loin. <br /> Le canadien te suggerait d'en discuter devant des verres, chose que nous faisons souvent avec une bande de vieux copains de Langon sur des sujets qui fâchent et dont le choix est complètement débile (politique, poils ou pas poils...). <br /> Dingue les palombes au chocolat... mais bon ça me dit rien pour le moment. Je préfére commencer par une recette plus classique. Autant prendre une recette pas trop compliquée car ce serait con que je merde les palombes pour avoir vu trop grand (cf. celle de Alain Darroze...) Le salmis, ça me dit bien.. <br /> Et sinon Jabato, la recette avec les sucs dans la cheminée, ça doit être celle à la capucine? Me rappelle avoir lu un article sur cette recette, car c'est la spécialité du bar des amis à Oloron (en face du bar de la poste). Ca a l'air terrible mais faut une cheminée et une capucine...
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